4 mars 2013
Victoire pour les médicaments génériques en Inde.
Chennai (Inde) – Lorgane dappel de la propriété intellectuelle a rejeté aujourdhui la demande du laboratoire Bayer qui souhaitait faire arrêter la production et la vente de versions génériques de la molécule anticancéreuse sorafenib tosylate.
La firme pharmaceutique allemande avait en effet fait appel de la première licence obligatoire indienne autorisant le génériqueur Natco pharma LtD à produire du sorafenib tosylate 97% moins cher que la version commercialisée par Bayer.
Les licences obligatoires permettent aux gouvernements de passer outre un brevet pharmaceutique en autorisant la production ou limportation de versions génériques dun médicament, notamment lorsque son prix de commercialisation par le détenteur du brevet le rend inaccessible pour la population, comme cétait le cas pour le sorafenib tosylate de Bayer. Le recours aux licences obligatoires est garanti par la déclaration de Doha signée en novembre 2001 par lensemble des États de lOMC.
Cette décision est un soulagement et une très bonne nouvelle pour lensemble des malades de la planète. “De plus en plus de malades développent des résistances aux médicaments anti-VIH de première ligne et nécessitent des molécules de deuxième et troisième ligne. Or ces molécules, moins concurrencées par les génériques, coûtent beaucoup plus cher. Nous comptons sur lInde pour continuer à émettre des licences obligatoires afin de permettre aux malades davoir accès aux traitements qui sauveront leurs vies déclare Céline Grillon, chargée du plaidoyer international à Act Up-Paris.
Ce nest pourtant pas la première fois quune industrie pharmaceutique sen prend à lInde dont la production de médicaments génériques alimente en grande partie les pays du Sud. Depuis 2006, Novartis poursuit le gouvernement indien devant ses tribunaux pour tenter dassouplir la loi anti-evergreening 1 favorable aux génériques. Après avoir été débouté en première instance et en appel, Novartis poursuit laffaire devant la Cour suprême indienne, la décision finale est attendue sous peu.
Act Up-Paris se réjouit de cette décision qui permettra à plus de malades dêtre soignéEs. Nous demandons à lInde de résister à Big Pharma et de continuer à recourir aux flexibilités des accords ADPIC pour permettre laccès à des médicaments génériques à bas prix.