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Proteus

Ouest-France, 09 mars 2010

Proteus donne le bourdon aux apiculteurs

Après le Gaucho et le Régent, ce nouvel insecticide mis au point par Bayer relance la polémique. Apicultrice dans la Sarthe, Sophie Dugué souligne les dangers.

Il s'appelle Proteus. Ce nouvel insecticide, mis au point par Bayer et destiné aux grandes cultures (blé, colza...) inquiète les apiculteurs de l'Unaf (Union nationale de l'apiculture française). Homologué par le ministère de l'Agriculture, à l'automne, il arrive sur le marché pour les semis de printemps.
Apicultrice installée dans la Sarthe, Sophie Dugué souligne les dangers de cette autorisation. Le Proteus sera pulvérisé sur les plantes, notamment sur le colza qui fait le bonheur des abeilles. " Il est composé de deux molécules insecticides dangereuses pour l'abeille, dont l'action dure trois jours pour l'une et 45 jours pour l'autre ", commente l'apicultrice qui suit le dossier des insecticides pour l'Unaf.

Sentinelles de l'environnement
Avec ce nouvel insecticide sur le marché, Bayer s'adapte aux résistances développées par les ravageurs à d'autres molécules. Il permettrait également de contrôler le puceron vert du pêcher. Ce dernier transmet au colza des viroses qui peuvent diviser les rendements par deux. Enfin, il assurerait " une bonne maîtrise du charançon de la tige et du puceron cendré ".
" Sentinelles de l'environnement ", les abeilles sont les premières victimes des insecticides. C'est en tout cas la thèse défendue par l'Unaf.
Le syndicat des apiculteurs s'appuie notamment sur la mortalité élevée constatée dans les ruches ces dernières années. Pour Sylvie Dugué, ces insecticides néonicotinoïdes (le Proteus est de la même famille que le Gaucho ou le Cruiser) sont soupçonnés de s'attaquer au système nerveux des abeilles. " Désorientées, elles sont incapables de retourner à la ruche. On retrouve alors nos abeilles mortes en plein champ, mais pour les pouvoirs publics qui ne prennent en compte que les mortalités aiguës, ça ne compte pas ", déplore Sophie Dugué.
Les scientifiques de l'Agence française de sécurité sanitaire (www.afssa.fr) donnent de leur côté une vision plus nuancée. Sans écarter totalement la responsabilité des pesticides, ils évoquent le rôle des virus et champignons qui s'attaquent aux abeilles, ainsi que la modification du paysage agricole et la diminution de la biodiversité. Moins de plantes et de fleurs, c'est aussi moins de nourriture pour les abeilles.