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Bhopal

Communiqué de presse du 7 Décembre 2009
Coordination contre les méfaits de BAYER

« C’est la cupidité des multinationales qui est responsable de Bhopal »

Le 3 décembre dernier coïncidait avec le 25e anniversaire de la catastrophe de Bhopal, le pire accident chimique de tous les temps. La Coordination contre les méfaits de Bayer s’est entretenue à cette occasion avec Rachna Dingra (32 ans) de l’ « International Campaign for Justice in Bhopal» (Campagne internationale pour la justice à Bhopal).

Rachna, pourquoi êtes-vous engagée dans la CAMPAGNE INTERNATIONALE POUR LA JUSTICE À BHOPAL?
C’est toujours une expérience personnelle qui motive nos engagements. Pour moi, ç’a été la découverte que l’entreprise pour laquelle je travaille faisait passer ses profits avant le bien-être des humains (Remarque : il s’agit en l’occurrence de la multinationale Dow Chemical, qui a repris en 2001 Union Carbide, patron de l’usine de Bhopal au moment des faits). Je suis venue à Bhopal pour soutenir les survivants dans leur lutte pour une meilleure prise en charge sur le plan sanitaire, une eau potable de bonne qualité et des poursuites pénales à l’encontre des personnes et entreprises responsables. Un quart de siècle à attendre qu’on vous fasse justice, c’est long, et j’espère que tous obtiendront enfin justice.

Quels sont aujourd’hui les principaux problèmes à Bhopal ?
Un cinquième de ceux qui ont été exposés au nuage toxique sont atteints d’une maladie chronique et souffrent de maux physiques ou psychiques. Des dizaines de milliers d’enfants ont des problèmes de croissance. Des centaines sont venus au monde malformés, parce que leurs parents avaient inhalé le poison ou bu de l’eau contaminée. Sur plus de 20 km2, le sol et la nappe phréatique sont pollués - par des produits chimiques cancérigènes et/ou tératogènes et dangereux pour les poumons, le foie, les reins et le cerveau. Certains de ces toxiques ont été retrouvés dans le lait maternel des femmes qui vivant à proximité de l’usine et du dépôt où s’entassent des déchets chimiques par dizaines de milliers de tonnes. En outre le gouvernement indien ne veut rien savoir des problèmes que rencontrent les habitants de Bhopal. Il n’a jusqu’ici pas tenu sa promesse, faite il y a de longs mois, de créer une commission sur les traitements médicaux à long terme des survivants. C’est pourquoi le plus grand crime jamais commis par une firme reste impuni.

Pourquoi avez-vous entrepris pour le 25e anniversaire de Bhopal une tournée en bus à travers plusieurs pays ?
Nous voulons faire comprendre à tout le monde que Bhopal n’est pas un évènement ponctuel datant de 25 ans, mais un état de faits qui se prolonge. Et leur dire que l’histoire de Bhopal n’est pas seulement celle de Bhopal, mais aussi celle de firmes mues par la cupidité et le profit qui placent ces deux moteurs au-dessus de la vie des hommes et de l’environnement. Cette tournée en bus (www.bhopalbus.com) est un moyen simple de traverser plusieurs pays et de rencontrer des gens qui mènent les mêmes luttes que nous.

Vous avez également visité l’usine Bayer à Institute (USA), dite « jumelle» de Bhopal, où s’est produite en août 2008 une grave explosion. Quelles réactions avez-vous rencontrées ?
C’est un de nos rares étapes aux USA où il s’était passé la même chose qu’à Bhopal. Nous avons été très affectés et choqués en voyant qu’aucune leçon n’avait été tirée du désastre de Bhopal. Nous avons tous été très déprimés de constater le peu de distance entre les maisons et l’usine. Dès qu’on entre dans la ville, on perçoit une odeur de produits chimiques qui ne vous quitte pas jusqu’à ce qu’on en sorte. Au cours des nombreux entretiens que j’ai eus là-bas, j’ai été choquée d’apprendre à quel point les maladies des femmes et des enfants liées à l’usine Bayer ressemblent à celles de chez nous. Et comme à Bhopal les principales victimes sont les pauvres et les minorités.

Qu’est-ce qui vous a poussée à visiter aussi la maison-mère de Bayer en Allemagne ?
L’un des principaux buts de notre visite à Leverkusen était d’informer la population de la ville et les employés de Bayer des crimes commis par Bayer dans d’autres pays.Nous voulions dire aux gens, à Leverkusen « Plus jamais Bhopal ! » Personne ne devrait plus endurer les mêmes souffrances que les gens de Bhopal et d’Institute.

Que faudrait-il faire pour éviter définitivement un nouveau Bhopal ?
Il faudrait punir les individus et les entreprises qui commettent de tels crimes en proportion de leurs actes. Il faut les traiter comme des délinquants, il faut qu’une mort provoquée par leurs poisons soit considérée comme un meurtre. Si nous autorisons des entreprises qui tuent, blessent et empoisonnent à échapper à la justice, nous avons peu de chances d’empêcher que Bhopal ne se reproduise. En outre il faudrait mieux respecter le principe de précaution. Et se demander si produire des substances chimiques aussi dangereuses pour les hommes et l’environnement est vraiment nécessaire.

Informations complémentaires:
· Incident mortel dans une «usine-sœur» de Bhopal
· Institute (USA) : le gaz de Bhopal est produit en usine par Bayer