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Riz OGM

28 novembre 2006, Greenpeace

Les Etats-Unis autorisent le riz OGM LL601 : la stratégie du « on contamine d'abord, on légalise ensuite » continue !

Greenpeace s'insurge contre la décision du ministère de l'Agriculture américain, qui vient d'autoriser la commercialisation du riz OGM LL601, trois mois après avoir découvert que ce riz OGM jusqu'alors totalement interdit avait contaminé les stocks mondiaux de riz.

Le 24 novembre, en procédure d'urgence, le ministère de l'Agriculture américain a donné son feu vert au riz transgénique LL601 développé par le groupe allemand Bayer Cropscience, estimant que ce type d'OGM ne menaçait ni la santé ni l'environnement. Cette décision fait suite à la demande d'autorisation déposée par Bayer après la découverte de traces de ce riz, jusqu'alors interdit, dans des lots pourtant certifiés non OGM exportés par les Etats-Unis. « Cette décision est scandaleuse car elle n'a pour but que de couvrir Bayer, s'insurge Arnaud Apoteker, de Greenpeace France. Bayer n'a jamais souhaité commercialiser son LL601, dont il a stoppé le développement en 2001. S'il demande aujourd'hui une autorisation de commercialisation, c'est uniquement pour échapper aux poursuites judiciaires et de ne pas débourser un centime pour dédommager les industriels et les agriculteurs. »

Aux Etats-Unis, plus de trois cents cultivateurs de riz ont entamé des poursuites contre Bayer pour être dédommagés de pertes estimées à 150 millions de dollars. Parallèlement, l'industrie alimentaire mondiale subit des dépenses massives liées à cette contamination : coûts des analyses, rappels de produits, image de marque écornée, interdictions d'importations, annulations de contrats. Ebro Puleva, leader mondial de la transformation du riz (30 % du marché européen) pourrait aussi porter plainte.

A l'origine de cette contamination mondiale, les cultures expérimentales de ce riz LL601 menées par Bayer aux Etats-Unis jusqu'en 2001, qui auraient vraisemblablement contaminé des cultures voisines de riz non OGM. Le ministère de l'Agriculture américain a ouvert une enquête dont les conclusions ne sont pas attendues avant plusieurs mois. Plus d'une vingtaine de pays en Europe 1, au Moyen-Orient 2, en Asie 2 et même en Afrique 4, ont retrouvé des traces de ce riz transgénique non autorisé dans des produits commercialisés sur leur territoire. Pour se protéger, le Japon et la Russie ont suspendu leurs importations de riz américain. L'Union européenne a mis en place des tests sur le riz qu'elle importe des Etats-Unis. En Asie, la Thaïlande et le Vietnam, qui exportent à eux deux plus de la moitié du riz échangé sur le marché international, ont annoncé leur engagement à ne cultiver que du riz non OGM.

« Voici encore une énième application de la stratégie du "on contamine d'abord, on légalise ensuite", systématiquement mise en œuvre par l'industrie des biotechnologies pour imposer ses OGM dont personne ne veut, conclut Arnaud Apoteker. Cette affaire prouve que les compagnies qui développent des OGM sont incapables de les contrôler et qu'il n'y a pas d'autre choix que d'interdire les cultures transgéniques aussi bien expérimentales que commerciales. »

1. Le 12 septembre, la Commission européenne affirmait que 20 % des échantillons testés ont révélé la présence du LL601.

2. A Dubai (Emirats arabes unis) : Uncle Ben’s long grain rice (Géant), Riceland Chef-way, preboiled rice (Carrefour) et Riceland preboiled rice (Géant). A Salmiva (Koweit) : American rice INC parboiled rice (magasins City Center)

3. Dans des produits à base de riz américain de la marque Uncle Sam Texas Long Grain Rice, vendus à Manille, aux Philippines, dans les grandes chaînes de supermarchés (Robinson's, Shopwise and SM).

4. Neuf échantillons de riz (aide alimentaire et importations commerciales destinés au Ghana et à la Sierra Leone) testés par un laboratoire américain indépendant ont révélé la présence de LL601.