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La Pilule

10 février 2016, Le Temps

Les pilules contraceptives à l'origine de 16 décès en Suisse en 25 ans

Les victimes, pour la plupart des jeunes femmes, sont mortes d'embolies pulmonaires liées à des contraceptifs hormonaux

Entre 1990 et fin 2015, l'Institut suisse des produits thérapeutiques Swissmedic a reçu 16 annonces d’embolies pulmonaires mortelles qui pouvaient être liées à des contraceptifs hormonaux. Le dernier cas remonte à septembre 2015.
Ces 16 cas sont en lien avec des contraceptifs hormonaux ou des préparations combinées ayant des propriétés contraceptives, a indiqué récemment Swissmedic dans sa lettre d'information.

Facteurs de risques présents
Ces femmes étaient âgées de 17 à 49 ans, huit ayant moins de 30 ans. Neuf d’entre elles présentaient au moins un facteur de risque de thromboembolie veineuse (TEV). Parmi ces facteurs figurent le surpoids, l'âge, les antécédents familiaux de thrombose, les vols longs courriers, les trajets prolongés en voiture et la parésie des membres inférieurs.
Concernant les sept autres cas, on ignore si aucun facteur de risque n'était présent, a expliqué Peter Balzli, porte-parole de Swissmedic, interrogé par l'ATS. Car ceux-ci ne sont pas toujours annoncés ou recherchés après coup. Lors d'un décès, des examens concernant par exemple une possible prédisposition héréditaire à la thrombophilie ne sont effectués qu'exceptionnellement.

La pilule Yasmin, dénominateur commun des complications
Depuis 1990, Swissmedic a reçu au total 3299 annonces spontanées en provenance de Suisse se rapportant à des contraceptifs hormonaux. Celles-ci proviennent presque exclusivement de médecins. Parmi elles, 436 concernent des thromboembolies veineuses, 268 des embolies pulmonaires et 168 des thromboses veineuses profondes sans embolie pulmonaire. Ce sont surtout les cas liés à la pilule Yasmin qui ont défrayé la chronique dans les médias.
A la mi-janvier 2008, une adolescente zurichoise de 16 ans s'était vu prescrire cette pilule par son gynécologue et l'avait utilisée. Deux mois plus tard, elle avait été victime d'une embolie pulmonaire et avait subi des lésions cérébrales en raison d'un manque d'oxygène. La jeune femme est aujourd'hui lourdement handicapée.
Le risque de thromboembolie veineuse lié à la prise de préparations combinées ayant des propriétés contraceptives est certes faible, mais il a des conséquences considérables au vu du grand nombre de femmes en bonne santé qui se voient prescrire ces produits. Selon des évaluations datant de 2011, Swissmedic table sur une fourchette de 200 à 480 thromboembolies veineuses sur un total de 400 000 utilisatrices en Suisse.

Des pilules aussi utilisées contre l'acné
Les pilules contraceptives telles que Yasmin, Belara ou Daylette sont aussi appréciées – malgré les risques – pour leurs possibles effets positifs contre l'acné. L'apparence de la peau peut, le cas échéant, être embellie lors de la prise d'une des pilules contraceptives autorisées en Suisse.
C'est pourquoi Swissmedic a décidé, en novembre, de supprimer les indications sur les avantages de ces produits contraceptifs en matière d'acné. Cela concernait 33 préparations. «Parallèlement, pour les 84 préparations autorisées en Suisse, les informations spécialisées et celles destinées aux patients ont été révisées, uniformisées et adaptées aux normes les plus récentes», a expliqué Peter Balzli.
La suppression de ces indications sur l'acné est liée au risque élevé de thromboembolie veineuse auquel les utilisatrices sont exposées. Swissmedic souligne: «Pour le traitement de l'acné, il existe des moyens thérapeutiques qui ne présentent pas ce risque élevé». Les avantages mis en avant ne justifient pas le danger potentiel.
L'Institut suisse des produits thérapeutiques est convaincu de l'efficacité des mesures prises: «Elles augmentent la sécurité des médicaments», dit M. Balzli. Il appartient maintenant à Swissmedic, aux spécialistes et aux utilisatrices de les appliquer. «Cela relève de la responsabilité de chacun».